Mais au fait c’est quoi le Kung Fu ?
Une des premières questions posées, le Kung Fu qu’est-ce que c’est ?
Dans un premier temps, attardons-nous sur le terme « Kung Fu » 功夫. Ce mot fut popularisé par les films HongKongais et surtout par le célèbre Bruce Lee. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Chine la langue officielle est le mandarin. L’écriture chinoise est différente et il existe plusieurs façons de la transcrire dans notre alphabet. Celle retenue par la chine est le pinyin et le « KungFu » s’écrit en fait en pinyin « Gong Fu », 功夫. Pour ne pas compliquer et surtout ne pas « embrouiller » les occidentaux, l’orthographe « Kung Fu » a été conservée.
Mais alors c’est quoi ? Le Kung Fu veut littéralement dire « s’épanouïr à travers un travail dur ». Si nous détaillons les caractères :
功 Gong (ou Kung) : mérite ; habileté/adresse
夫 Fu : lettré ; maitre ; mari. En d’autres termes, un homme épanoui
Mais quel rapport avec les arts martiaux alors ?
Dans les milieux traditionnels des arts de combats, l’accent est mis sur l’effort, la répétition inlassable et sur la spécialisation. Un proverbe martial bien connu dit :
Crains celui qui pratique 10 000 fois une technique plutôt que celui qui pratique 1 fois 10 000 techniques.
Les maîtres aiment donc employer le terme de Kung Fu faisant clairement référence aux arts martiaux traditionnels chinois. En opposition au terme Wu Shu utilisé désormais pour définir le côté sportif de l’art martial chinois.
WuShu 武术 ? C’est quoi ça ?
Et bien WuShu veut littéralement dire Art Martial.
Le mot Wu 武 est composé de Zhi 止 (arrêter) et de Ge 戈 (hallebarde). Le Wu Shu serait donc l’art de stopper le combat et par extension l’art de la paix.
Certains sinologues remettent en question cette explication. En effet le mot Zhi 止 est, à l’origine, la représentation d’une trace de pas dans le sol et ferait donc référence dans le mot Wu 武 aux traces des soldats marchant avec leur hallebarde. Ce serait donc l’art de la guerre et non l’art de stopper le combat. A chacun de se faire son avis !
Mais le mot Wu Shu 武术 est aujourd’hui utilisé essentiellement pour qualifier le côté sportif. Aujourd’hui lorsqu’une personne dit qu’elle pratique le wushu, dans 95% des cas cela fait référence au sport. Le wushu sportif est composé de deux grandes parties : l’aspect combat avec le San Da 散打 (boxe pieds poings avec projection) et l’aspect technique avec le Tao Lu 道路. Ce dernier (Tao Lu) est lui-même décomposé en plusieurs épreuves : Chang Quan (boxe longue : synthèse des styles du nord de la Chine), Nan Quan (boxe du sud : comme son nom l’indique synthèse des boxes du sud de la Chine), Dui Lian (combat arrangé), Tai Ji Quan, etc.
Le wushu représente donc l’ensemble des arts martiaux et plus particulièrement les arts martiaux chinois.
Kung Fu ou Wu Shu, vous l’aurez compris, ça ne veut donc pas dire grand-chose ! Eh bien oui, les deux font référence aux arts martiaux chinois mais ne précisent pas lequel. C’est comme si vous dites que vous pratiquez un sport de ballon sans préciser que ce soit du football, du basket ball, du volley ball etc. Ah oui pour complexifier le tout, il existe des centaines de styles dans les arts martiaux chinois (certains parlent de + de 400 styles !) d’où l’importance de préciser ! Par exemple dans notre école nous pratiquons la boxe de Shaolin (Shaolin Quan 少林拳).
Ca va je ne vous ai pas perdu ? Pour résumer :
– Le terme Kung Fu est un terme générique, essentiellement utilisé pour les arts martiaux chinois traditionnels
– Le terme Wu Shu est également un terme générique, utilisé majoritairement pour les arts martiaux chinois sportifs
– Les 2 termes ci-dessus ne sont pas assez précis, il faut préciser le style pour les arts traditionnels ou la spécialisation pour les arts sportifs.
A noter qu’il existe une certaine « séparation » entre les deux (tradi et sportif). Il n’est pas rare que des maitres traditionnels dénigrent les pratiquants de Wu Shu (aspect sportif) et inversement les athlètes du Wu Shu dénigrant des pratiquants traditionnels. Chacun se distinguant en mettant en avant leurs propres arguments: le côté « martial » pour les un, le côté « performance » pour les autres, etc. Ce « conflit » se retrouve notamment dans les différents fédérations françaises des arts martiaux chinois. Espérons que dans un avenir proche ces conflits cessent.
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